Filière câbliers et Covid – l’affirmation d’un savoir-faire français
Télétravail, télémédecine, enseignement à distance et même apéros virtuels… la crise du Covid19 et la période de confinement qui l’a accompagnée, a démontré – s’il était encore nécessaire de le faire – l’importance des réseaux de circulation des données dans notre pays. Un besoin primordial qui renforce encore l’intérêt du plan THD lancé par l’Etat et visant à équiper l’intégralité du territoire en très haut débit d’ici 2022.
Second effet direct découlant de la pandémie, l’impérieuse nécessité pour le pays de conserver ou de retrouver une indépendance industrielle. Ce constat, qui nous est apparu comme vital sur les produits médicaux et les protections sanitaires, peut également s’appliquer plus largement à d’autres produits industriels.
Marie-Thérèse Blanot, déléguée générale du SYCABEL, le syndicat professionnel des fabricants de fils et de câbles électriques et de communication, nous explique comment la filière s’est organisée durant cette période pour pouvoir continuer à répondre aux besoins et comment à travers le label « CABLE de FRANCE », créé en 2014, il est important de défendre l’industrie et la fabrication de câbles électriques et de fibre sur le territoire.
Comment avez-vous vécu la crise du Covid19 que nous venons de traverser ?
Marie-Thérèse Blanot : Comme pour tout le monde, les membres du SYCABEL ont dû s’adapter aux mesures exceptionnelles prises par les pouvoirs publics. En tant que secteur majeur de la filière électrique, électronique et numérique, l’industrie du câble fait partie des « forces vives » saluées par Bruno Le Maire, Ministre de l’Economie et des Finances qui ont « fait preuve de réactivité et de volontarisme face à l’épreuve ». Comme l’a souligné le Ministre dans l’une de ses intervention, « La continuité des activités de fabrication électrique et électronique est essentielle au fonctionnement économique de notre pays, indispensable à l’approvisionnement de secteurs critiques tels que….les télécommunications, les infrastructures et services numériques essentiels, ….la fabrication d’équipements pour les réseaux énergétiques ». L’ensemble des industriels du SYCABEL ont ainsi contribué à relever ce défi. Ils se sont mobilisés et continuent de le faire afin de poursuivre leur activité industrielle selon des pratiques sécuritaires.
Que représente la filière sur l’ensemble du territoire ?
MTB : Nous nous sommes rendus compte pendant ces quelques semaines que notre métier a véritablement du sens et qu’il est au cœur de notre quotidien. Nous apportons l’électricité et le numérique jusque dans les foyers ! Aujourd’hui les 2 sont essentiels à la vie de chacun, des entreprises comme des particuliers.
D’un point de vue industriel, la filière se compose de beaucoup d’entités sur le sol national. Derrière ces unités de production se cachent beaucoup de technicité et de technologie. Notre métier entre dans la catégorie des industries lourdes qui nécessitent de la R&D bien sûr, mais également de vraies chaines de production qui ont besoin de main d’œuvre pour fonctionner.
Notre savoir-faire est réel et notre outil de production est performant. Les produits qui sortent de nos usines sont fiables, qualitatifs et fabriqués dans le respect des normes éthiques et environnementales. C’est pour cette raison que nous rayonnons également au niveau européen.
Le « consommer local », dont on parle beaucoup aujourd’hui, est-il réaliste dans le domaine de la fabrication des câbles ?
MTB : La concurrence chinoise est féroce depuis quelques années, surtout sur les câbles à fibres optiques. Et pourtant, sur le territoire français, nous avons la capacité d’être autosuffisant. Depuis 2013, la filière s’est organisée et structurée pour pouvoir alimenter les besoins générés par le plan Très Haut Débit. Des investissements ont été lancés, des recrutements ont été réalisés. Nous sommes capables de produire ce dont nous avons besoin. Il faut privilégier la proximité, la qualité et les compétences.
En 2014, le label « CABLE de FRANCE » a vu le jour. En quoi cela consiste-t-il ?
MTB : L’objectif est de redonner de la valeur à l’industrie française. Montrer que sur le territoire, des entreprises savent faire et offrir une garantie sur la qualité et la provenance des produits. Sur les produits estampillés CABLE de FRANCE, 100% de l’assemblage, de la conception et du conditionnement sont réalisés en France. Ils sont conçus par des usines engagées dans des démarches environnementales et respectent les normes les plus exigeantes en matière de sécurité et de performances.
Quand on parle de fabrication française, on parle souvent de coût supplémentaire, les câbles français font ils exception à la règle ?
MTB : Le prix ne doit pas être l’unique critère de choix. Les matières 1ères sont différentes, la qualité n’est pas comparable et la performance du produit s’en ressent souvent. Malheureusement, les contrôles effectués sur les câbles notamment à fibres optiques ne sont pas réglementés et donc pas homogènes pour tous. Si tout le monde avait le même référentiel qualité, la France serait tout à fait en capacité de rivaliser avec les productions chinoises. En dispersant les productions, on prend un risque au niveau de la qualité et au niveau de notre économie. Essayons plutôt de défendre la création de richesses et aidons nos filières à reprendre de la valeur. Aujourd’hui, nous défendons « CABLE de FRANCE », demain peut-être parlerons-nous de « CABLE D’EUROPE ».